Une dernière chose, avant de ne plus pouvoir retaper mon login et mon mot de passe (parce que Thierry Moré aura décidé que j’ai plus à passer par là en tant qu’errante) et donc de quitter ces lieux qui m’ont grandement fait du bien (je verserai ma larme ce jour là) :
En tout cas ça ne m’empêchera pas d’errer de mon côté, car je crois bien que jamais je ne voudrais marcher sur un chemin unique. Becos à tous.
J’ai besoin de parler. Non. J’ai besoin d’écrire.
Je sais pas quoi faire de ma peau.
Je sais pas quoi en faire.
Faut-il que je la laisse vivre ?
Dans l’espoir qu’elle trouve d’elle-même quoi devenir.
Je sais pas où me mettre.
Je sais pas non plus quoi faire.
Quoi penser.
En fait, je sais rien.
Je sais rien du tout.
Je sais plein de choses,
mais je sais que je sais rien non plus.
Quoi faire.
Quoi faire de cette peau qui m’entoure.
Qui m’englobe.
Qui me dévoile tout en me cachant.
Que tout le monde peut toucher.
Que tout le monde peut voir.
Celle qui dit qui je suis.
Celle qui peut mentir.
Et dire ce que je ne suis pas.
C’est comme ça avec elle.
C’est comme ça avec toi.
Je dis rien. J’écoute.
Je laisse faire.
Je laisse vivre.
En travaillant, je suis tombée là-dessus :
On n’est jamais si heureux que quand on a trouvé le moyen de se perdre.
Journal d’Hirondelle de Amélie Nothomb
À un moment, j’ai plus besoin de respirer. Mes poumons ne se remplissent plus d’air. Et je ne bouge plus. Je n’ai plus besoin de rien. Je suis vide. Je suis comme cette boite qui ne veut plus qu’on l’ouvre pour la remplir. Mes poumons ne veulent plus être cette fonction de vivre. Ils ne sont plus. Et moi j’ai besoin de rien. Je me sens bien de n’avoir plus besoin de rien.
Je me sens bien.
Et puis, y’a les réflexes qui reprennent le dessus, et qui font remarcher le mécanisme. Et me revoilà inondée d’air. Ça fait un peu mal. Puis ça fait tellement de bien.
J’ai de nouveau besoin de voir. J’ai de nouveau besoin de marcher. J’ai de nouveau besoin de rire.
J’ai de nouveau besoin de vivre.
Le soleil s’éteint,
et moi avec.
Les yeux fermés,
le coeur ouvert.
Et si tu t’casses ça fait quoi ? Ça me fait quoi, hein ? Ça fait du bien ? Ça fait des vacances ? Un bon bol d’air ?
Ça fait quoi ?
Moi je ressens pas le frais. Je ressens pas le renouveau, le bien-être et les pieds qui dansent.
Y’a du vide. C’est vrai que c’est vide un bol.
Bon, j’ai un bol.
Est-ce que c’est mes nerfs ? Ou bien l’envie de mourir ? Ça va pas très bien. Mais je sais pas pourquoi. Et puis je chialerais bien. Va savoir. Et comment qu’il peut nous voir d’en haut ? Puisqu’il a les yeux fermés. Puis qu’il est dans sa tombe. Là, dans son cavaux. Celui qu’il a réservé. Pour qu’il soit au soleil. Il a joué sa dernière carte, en choisissant sa dernière maison. Parce que nous, on l’avait viré de la notre.
Maintenant il est au soleil. Avec ses yeux fermés. Puis, il veille sur nous. Je sais pas comment il fait. Mais il a dit qu’il le ferait.
Ce soir, chez maman, c’est soirée choucroute !
Il suffit qu’elle me demande si ça va pour que je chiale. C’est comme ça avec elle, je peux pas le lui cacher. J’ai joué les fortes toute la journée et en deux mots, elle balaye mon château de carte. C’est comme ça avec, elle. C’est comme ça, et ça l’a toujours été.
Parce que c’est ma mère, que je l’aime par dessus et que je suis bien contente de l’avoir elle comme mère, tandis que d’autre gens on la leur. La mienne elle est douce, elle est calme. Elle me dit « je t’aime » et m’embrasse sur le front plusieurs fois. Elle me prend encore sur ses genoux quand je veux l’embêter, et sa seule réponse c’est « qu’il a grandi mon bébé ! ».
C’est trop dur, tu vois ? C’est pour ça que j’écris, parce que même si je parle beaucoup. Ça s’arrête jamais. Ça s’arrête jamais de parler là-dedans. Y’a plusieurs voix, mais c’est pour toutes la même. C’est juste qu’elle distingue bien la raison, de l’incertitude, du coeur, de la folie. C’est que y’a tout ça dans un homme. Y’a tout ça dans moi.
Mais je ne sais plus trop, tu vois ? Je sais plus trop où j’en suis. Ça bourdonne là-dedans. Ça pourrait prendre le dessus sur tout. Mais je leur laisse pas le choix même si je les écoutes des fois, je les fait surtout écouter à d’autres.
Ça passe mieux d’entendre les autres. Ça semble toujours plus rationnel. Ça berce un peu, ou ça remet un coup de pied au cul. Mais ça fait avancer les choses.
Je fais parler toutes ces voix pour n’en entendre plus qu’une seule.