-Au fait,
pourquoi t’es là?
=Au fait, je ne sais pas.
temps.
Le passé.
La présence.
L’avenir.
Je suis sur le temps ou dans le temps ou dehors de temps?
– Oui, ça va et toi?
= Oui, ça va bien, je crois.
– Que-ce qu’il y a? T’as un problème?
= Tout le monde en a non?
du discours amoureux
– Je t’aime
-Moi aussi.
-Je sais
-Je sais que tu le sais.
-Je sais que tu sais que je sais que tu m’aimes.
-Je sais que tu le sais et tu sais que je sais que tu sais que je le sais et tu sais que je sais que tu sais que je t’aime.
-Je sais que tu sais que je sais que tu sais que je sais que tu sais que je t’aime, et je sais que tu sais que je sais que tu sais que je sais que tu le sais.
-Et tu aimes que je le sache ?
-Oui, j’aime savoir que tu le sais, j’aime que tu saches que je sais que tu m’aimes.
-Et moi j’aime savoir que tu sais que je sais que tu aimes savoir que je t’aime.
-J’aime savoir que tu saches que je sais que tu sais que j’aime aimer savoir que tu saches que je sais que tu m’aimes
-J’aime t’aimer.
-Et moi j’aime aimer que tu aimes le savoir.
-Je sais que tu m’aimes et j’aime savoir que tu sais que je le sais.
-Je t’aime
-Je sais
-Je le savais
Jean-Michel Espitallier
en êtes-vous arrivé à vos constructions de fils ? Fred Sandback : Mon Dieu… j’étais frustré par tout cet excédent de bagages, toute cette absurdité gestuelle, toutes ces préciosités décoratives de composition. Mon ami Georges Sugarman, un sculpteur de New York, est passé chez moi et m’a dit : « Ecoute, si tu en as tellement marre de tout cela, tu n’as qu’à sortir t’acheter une pelote de fil. » Parce que son travail à lui est très entier, son attitude était de tout mettre dans sa sculpture, y compris le kitsch, tout cela… Evidemment, c’était une métaphore, et je ne me suis pas précipité pour chercher une pelote de fil, mais c’est ainsi parfois que l’on trouve l’inspiration pour passer à autre chose ».
-Entretien paru dans «Sans Titre» n°16, janvier 1992, Lille, France
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