Je crois toujours que je ne vais pas y arriver
En automne le week-end on allait chercher des champignons. On en faisait des omelettes. Avec les trompettes c’était bien parce que le noir des champignons cachait les insectes qu’on cuisait avec.
Et des fois il faut aller au cinéma
Et des fois il faut aller dans un parc et ouvrir un bouquin
Mais tout le temps je ne trouve pas le temps
Et des fois je pars loin et j’oublie le cinéma et les bouquins
Il n’y a plus que de l’inconnu de l’étrangeté pourtant famillière
Des paysages qui défilent en se transformant qu’au bout des heures
Un univers macro des mondes micros
De l’étonnement au coin des yeux
Puis de la lassitude ou un renfermement
Voir à l’intérieur de soi sans y distinguer grand chose
Ne plus voir l’environnement
Oublier ses yeux
S’ouvrir à l’autre qui est en soi
Ne pas en sortir indemne
Oser
Marcher, marcher, marcher
Pieds : charpie éparpillés
cloques explosée peau en lambeaux accrochés
hanche écorchée à force de frotter
Six jours sans solitude sans espace pour soi
Sans liberté de ne pas faire
Sans choix de reculer
Avancer avancez
Avoir mal mais aller loin
Claudiquer boiter mais continuer
Pleurer vouloir abandonner
Ne pas se doucher
Passer sa tête à l’eau glacée
Et discuter comprendre échanger
Aller au delà des idées
Faire sans théoriser
s’adapter, muter
inventer transformer
De rien, aller loin
Aimer ces riens qui font tout
Ne pas vouloir se reconnecter
Le faire tout de même
Espérer repartir bientôt
Ne pas oublier : dehors est fertile
Inconfort est fertile
Douleur est fertile
Il est déjà bien tard pour qui se réveille à sept heure
Il est déjà bien tôt pour qui voulait passer une journée dans un lit
Il n’est rien si je casse l’horloge et ferme les rideaux
Il n’est plus grand chose pour qui accepte de se laisser oublier.
Des haut des bas des oh des ah des beaux des bah des plots des plats des veaux des vas des dos des dadas des pots des pas des bobos . Des bancs des places de la vaisselle cassée et des pots réparés. La hache de guerre là bas enterrée et des oiseaux qui puent des pieds. Des griffes à s’en faire soulever les sourcils des enflures d’ampoules incandescentes. Des sentiments impartagés et des lampions rosés. Des poulets en macramé des chansons périmées et une clairette en sonnette. La bas aussi des toits des poils des choses des chauds des fromages. Des ustenciles des piles des poulettes des rien des blots des poids. Des flaques des boues des gants de toilette de serviette en fusion et électrocution.
Et il y a moi des fois.
J’ai brûlé ma main gauche elle est devenue rouge, comme lorqu’on ébouillante un homard, dans les deux cas cela arrive très rarement. Je parcours le monde merveilleux de l’auto médication sur le net. Je sais déterminer le degré de brulure à l’aspect de la plaie. Brulée au premier degré, ce n’est pas avec ça que je vais rencontrer docteur House. Mais à l’unanimité tous ces sites indiquent qu’une brulure de plus de sept centimètre sur la main devrait être consultée par un docteur. Est ce que les médecins écrivent sur ces sites pour qu’on aille les voir parce qu’ils s’ennuient? Ou bien …( prenant un air dépité et sans argumenter car ce mot répond à tous les maux)… Lobbies.
J’ai poncé un doigt à droite. Je me rend compte de l’interdépendance de mes doigts, quand je plis l’auriculaire cela tire la phalange distale de mon annulaire de même lorsque je plis le majeur. Quand je mets du désinfectant sur ma blessure j’ai l’impression que cela crée une onde jusqu’aux autres doigts.
Je suis inhabile. Ahabile.
Errer ce sont de mauvais reflexes. Avant c’était simple d’écrire, c’était méthodique, je savais formuler une introduction, une problématique, poser des questions, séquencer, trier, faire comprendre. Maintenant j’ai appris à écrire sans réfléchir, à laisser mes doigts taper sur un clavier, vite, sans presque jamais relire. J’apprends petit à petit à décomposer, à désapprendre, à faire comme ci.
Mais est ce que c’est seulement errance. Est ce qu’au fond ce n’est pas moi qui devient moins méthodique, qui me laisse aller, qui note tout ce qui fuse et qui veut garder des traces. Archiver sans méthode, entasser. Comme mon rangement, mes idées sont en sédimentations. Je laisse tout s’accumuler dans des carnets, dans des discussions, dans des rêveries. Tout s’ensable. Ma chambre finit toujours par être rangée, ma tête aussi peut être un jour. Pour l’instant je sédimente, je laisse s’accumuler pour un futur à trier. Ce n’est pas le moment de ranger, je ne dois pas me forcer à classer.
Mais faire un dossier c’est ça : classer, expliquer, présenter, faire comprendre, problématiser. Se vendre se faire voir. Je suis une mauvaise communicante en quelques pages je suis incapable de montrer ce que je suis. Enfin, c’est le même problème pour tout le monde. Mais peut être que moi je ne suis pas capable de savoir ce que je veux montrer de moi. Quand je vois ces filles sur instagram ou sur youtube je me dis qu’elles ne se posent pas ces questions, c’est facile de choisir quoi montrer. Mais dans mon social nette work je suis toute seule et je dois définir les règles du jeu. Pour l’instant j’ai l’impression d’avoir déjà perdu la partie.
Je vais ne rien changer et observer
Je ne vais pas courir nue sur le mont blanc
Il fait trop froid
Je vais marcher à m’en niquer les pieds
Avec les mauvaises chaussures
Avec un manque d’étanchéité
Des ampoules
Je vais aller loin sans bouger de mon fauteuil
Ferme les yeux, tu entends ?
Écoute
Je vais bouger de mon fauteuil pour en retrouver un autre
Je vais ne jamais jamais te retrouver
Claque ou silence
Le silence c’est tout et rien
Une surface où se projeter
Dure à appréhender
Je préfères les mots qui blessent
Je préfère savoir quoi affronter
Je préfère savoir
Savoir
Préférer savoir
A quoi ?
Illinois
Silly noix
Est ce qu’on peut faire tout ce qu’on veut ?
Est ce que je peux crier dans une rame de métro ?
Est ce que je peux crier et courir dans la rue ?
Est ce que je peux te souffler dessus ?
Est ce que je peux te toucher ?
Est ce que je peux tout oublier et recommencer ?
Est ce que pour un jour je peux être quelqu’un d’autre ?
Est ce que je peux t’envoyer te faire foutre ?
Est ce que je suis capable de te dire merde ?
Est ce que je devrais être capable de te dire merde ?
Est ce que tu crois qu’on va aller loin ?
Loin ?
C’est plus près que près ? Prêt
C’est un don pour soi
Donner à toi
Données pour soi
Haïr les points
Serrer les poings
Frapper des mots
Frapper avec des mots
Punchline
Punk line
Niaiserie assumée
Roseries évaporées
Pourpres desseins animés
Rougorangeries des salons
Buée de joues
Pivoineries des grands chemins
Point
.
Merde.
Merde merde merde.
Je ne peux pas vous raconter toute l’histoire. Mais c’est tragique, c’est comique, c’est romantique. Ça ferait un super film du dimanche soir sur TF1. Sauf que pour l’instant j’ ai pas encore trouvé le happy end. J’ai transformé quelqu’un en fantôme. Je lui ai enlevé toute substance je l’ai laissé comme une pellicule vide errer loin de moi. Il n’était plus que les pires images que j’avais de lui. C’était plus simple. C’est plus simple d’oublier quelqu’un, de l’effacer, de le faire disparaître que n’importe quelle autre interaction.
Puis il y a eu cette sombre histoire de sac à dos. Tout cela a commencé avec vous à Brocéliande, une petite pièce en plastique de mon sac a lâché, les bretelles ne peuvent plus répartir le poids de mon sac de randonnée. Alors je suis partie en quête de sac à dos. Un tour chez Décathlon, un tour à Paris au Vieux campeur, un retour chez Décathlon, puis fin du voyage dans un magasin en zone industrielle en Moselle. J’ai un nouveau sac à dos. Sauf qu’entre temps j’ai cherché l’autre sac, celui que je lui avais prêté. Celui qui était encore là bas, dans une zone bien fermée, bien hermétique dans ma tête. Un lieu que j’ai vidé de sa topique. Hier j’ai posé un pied dans ce non lieu. Je suis descendue de la voiture, j’ai marché là où j’avais si souvent marché, tout est revenu d’un endroit volontairement oublié. J’ai revu les volumes, le son des marches en pierres, le panorama sur la ville du balcon auquel je jetais toujours un coup d’œil avant de rentrer, le chocolat au marzipan et les emballages en allemand. Le chat qui a grossit et qui ne m’aime toujours pas. Il n’était pas là mais je me le suis pris dans la gueule. C’est comme si ma tête faisait un retour en arrière, tu te rappelles des VHS ? Je rembobine tout pour revoir le début avec comme une envie d’en refaire quelqu’un de réel. Je suis comme dans une faille temporelle où quelqu’un de passé me donne une claque dans le présent sans savoir si un jour je me heurterais de nouveau à son existence.
Groungnonognomnium
gragneugnagnaneunan
mniumnioum
Après deux mois de grognement après ce film, je vais enfin voir « Demain »
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