les claques
Si la constance est gage de vérité, je ne m’y fais pas. J’appelle aux changements de corps et à la dysmorphie du tout. L’ordre nouveau sera mouvant, de miettes, ou gazeux. Jamais limité par une enveloppe unique, qui propose stupéfaction à chaque correction.
Il est temps de faire sauter le cadre et de laisser couler les frustrations, d’accepter l’anti-définition. L’ère du fluide.
RIP Sophie
Avec son piston, iel aura aussi une chemise, une écharpe et un pardessus à dorures. Mais c’est au trône qu’iel aspire, celui aux tissus lourds desquels se dégagent des relents de tyrannie.
La famille royale eut été un symbole de prestige duquel iel avait rêvé, entouré de flammes, un blason fondu comme ces jolis vases du palais. De ses plus beaux masques, iel avait traversé tous les dîners d’affaires et autres cérémonies pour apaiser ses folies pyromaniaques, une vengeance en feux d’enfer.
Mais le talisman absolu résidait en ce large minéral, reposant sur la couronne, comme une vieille âme salie, que jamais aucun souverain n’eut pu rayé de son nom. L’apparat de folie.
C’est dans l’objet même qu’iel se prendra au jeu des plus grandes stratégies, renversant les hiérarchies, détruisant les statues pour y découvrir une terre fertile, celle des nouvelles âmes.
Je me fais à mon âge, je n’en subis rien, j’ai même l’impression qu’il m’appartient, sans curseur. J’ai d’ailleurs toujours pensé que je décidais sûrement des mutations de mon corps, celui que je n’aime pas.
Me voici poilu, mais aussi plus enfant que jamais. Et ce n’est pas une mauvaise chose ! mais je ne grandirai pas. Ainsi j’imagine mes amis s’entourer d’enfants, à vouloir accorder le temps à l’intimité chaude d’un foyer. Et il y a moi, un passant, un parrain. J’ai eu la chance d’être né homme aux yeux des autres, pas d’utérus à s’approprier pour eux, pas de compte à rebours qui te pousse à donner la vie pour éviter la mort sociale.
Et puis me voilà queer, à ne plus considérer les limites que l’on m’a apprit, à ne plus vouloir remplir le schéma, ces jolis repères qui sont de plus près des bouées ignobles. Me voilà sans repère et sans âge.
The Legend of Leigh Bowery, Charles Atlas for Arte, 2002 (disponible sur youtube)
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