Errances

je m’y remets vite
vite je m’y remets
m’y je remets vite
remets m’y vite je

j’ai les paupières lourdes comme des briques
les pupilles qui brillent, la moustache mouillée

le brouillard a écrit au marqueur
et elle a tourné autour du trait
était-il l’heure
de rentrer ?

gros mytho, tu graphes sur la brique
de la maison électrique
gros mytho, laisse moi maintenant
ton trait fabrique
en-dessous du ciel mouvant

le brouillard a écrit au marqueur
« gros mytho » avec ardeur

ça va pas

tentative de déplacement d’un poème en chanson

la radio dit bonjour
la radio le dit

râler à la radio comme jamais la radio n’a redit
râler à la radio comme jamais la radio n’a ramené la musique  au village

ramener la musique au village
ramer sans la nage

le problème c’était que c’était pas une vraie fleur

elle te sourit
elle te sourit encore

alors que la vrai fleur elle pleure, la vraie fleur elle pleure
elle est dans le vase et je la vois
elle pleure en me regardant

c’est toi qui es parti sans elle
je lui dis que tu reviendras
mais la fleur ne m’entend pas

la fleur est encore à côté
la fleur essaye de se dégager
la fleur demande à quand tu viens
la fleur me dit « je n’entends rien »

alors je continue de lui parler

le problème c’était que c’était pas une vraie fleur

eh toi dis-moi que tu m’aimes
même si c’est un mensonge
et qu’on a pas une chance
la vie est si triste
dis-moi que tu m’aimes
tous les jours sont les mêmes
j’ai besoin de romance

eh mec j’ai trouvé la faille
de ce que tu racontes
regarde tes écailles
de ce que tu racontes
la vie est si triste
je t’ai dit que je t’aime
brillantes sont les miennes
j’ai besoin de romance

le fantôme est revenu au bercaille
il a mangé comme un cochon

maintenant il faut continuer
continuer la route vers l’or cardiaque
c’est un or particulier qui lorsqu’on l’agresse peut être victime de crise

souvent l’or cardiaque meurt vite
alors il faut en trouver de nouveau
et repartir du bercaille

« c’est bizarre » se dit le fantôme

je suis le cyborg du dog

une absence dans l’errance

il était une fois dans le nord j’avais froid
la neige laisse la trace
de ton passage sur le terrain

parti trop tôt encore une fois
ça sonne à la porte

la voiture s’est garée
je suis montée

je suis montée de l’auto je suis montée avec regret
elle m’emmène loin

le rouge l’orange le jaune se mélent
il sera tard ce soir

et ce sera l’heure de l’absence dans l’errance

il y a 13 numéros sur le château
la petite chatte se trompe de route

elle a écrasé la tête contre le béton
avec la tristesse de ses quatre murs
elle descend de terre et
dans le ciel, tout en bas, elle voit la tête de 13

13 ne pleure pas il est content
il coule sur la route
13 n’a pas peur de la route et du gravier et du bitume et du béton et des cailloux

13 a juste peur qu’elle soit encore plus triste et qu’elle écrase la tête contre le béton,
encore une fois

la caille est montée dans l’automobile
le moteur a grondé elle était fraîche ce soir

« t’es fraîche ce soir » il a dit

l’auto a démarré suivant la départementale à toute vitesse

« t’es fraîche ce soir » il a dit

dehors ça pleut froid
les mecs sur le bord de la route lèvent la tête

l’automobile trépasse à la surface
elle sort du portail et s’efface

ma caille, t’as froid ce soir?
encore ce soir?

j’ai mal aux yeux
ça pique c’est toujours ouvert c’est toujours lumière

comment arrêter ça
sois sur mon chemin
passe la porte entre mets toi bien

allume la lampe
dis les mots
repars doucement

ça piquera encore ça sera toujours ouvert ça sera toujours lumière

c’est la reine trouble du terrier marbré
le matin elle se lève elle a froid
alors elle se glisse dans son ensemble latex
les pantoufles sont de satins

elle descend l’escalator et tappe le digicode
elle découvre son amour de la veille quand elle pénètre la porte

baisers moites sous le soleil bleu de l’au-delà

bébé joue pas 1000 ans

fatiguée depuis mon vaisseau je t’ai regardé courir et sauter
une fois atterrie j’ai quitté les murs du ciel pour en construire des nouveaux

je t’ai accueilli nue
les paupières mauves me tombent sur les pieds
je pars d’ici

d’après

the clearing, 2015
nathalie djurberg & hans berg
(museo riso di palermo)

……………………………chéri c’est tombé laisse couler

c’est trop beau le mur bleu qui scintille on dirait des paillette mais c’est un peu violet aussi
est-ce que c’est le ciel qui reflète dedans ou c’est seulement la couleur du mur

quand ça brille ça donne faim aux esquimaux parce qu’ils commencent à avoir peur du noir dans le soir
escalader la pénombre c’est laver la terre des chaussures avec une fourche enflammée elle a des flammes et ne respire plus au bout d’un moment
elle est rouge et va faire mal si elle lui perce le tympan

ça sent le gâteau quand tu bouges la tête tu fais des « aaah » et des « hou » on dirait que tu fais semblant j’entends tes pas

« dans le vaisseau, t’as le cheveux bleus
ça décolle vraiment vite ici »

il passe la porte il est dehors, tout seul heureux et dehors
en courant jusqu’au bleu il se fait mal aux pieds
quand il arrive il a saigne encore

elle lui donne le pansement
alors elle est là et lui met le pansement
les cheveux bleus caressent

il a mal aux pieds mais c’est comme s’il n’avait pas mal
parce que quand elle est là les cheveux caressent et le silence repasse

« ça décolle vraiment vite ici » il dit
elle dit oui

légende : broderie, teckel, chien

weiwei
bébé abandonné
ce n’était pas sa mère
taking off
liquide
sms

mots constituant les 12 dernières heures

50 fois j’ai rougi
et cristiano ronaldo sourit