nuit d’insomnie entre le 6 et le 7 décembre 2009. pas d’heure.
Manifeste de la meuf épuisée.
A force d’errances je me suis perdue et je commence à peine à trouver un chemin. Je voulais poster ici des dessins canons et des photos ratées mais quand même réussies sur la plage en Espagne, parler d’actu, de graphisme, d’éditions et d’illus : mais il n’y a que moi. Un grand moi qui résonne au fond des cerceaux vides.
Les cerceaux sont à terre, la danseuse un peu nue les regarde à ses pieds et voit bien dans sa tête comment les faire danser : les couleurs s’y mélangent et en se forçant un peu elle sentirait bientôt la brûlure de son ventre à leur passage. Mais elle reste immobile. Elle sait bien qu’elle devrait se pencher un petit peu, se déhancher peut être, chercher le déséquilibre qui conduit au mouvement, mais elle ne bouge pas. Tout son corps est un marbre qui rêve à l’intérieur et qui ne peut dormir tant les cerceaux habiles au-dedans de son crâne font de bruits et de couleurs. Et elle ne bouge pas. Elle sait qu’elle le devrait, au moins pour que l’effort de la danse fatigue son grand corps pâle et la laisse tranquille à la prochaine nuit : l’épuisement physique est un bon somnifère. Non, décidément, elle ne fait rien d’autre que fixer, hébétée, les cerceaux sur le sol.
Alors un soir elle se dit avec l’aide d’un ami, que commencer par prendre un seul cerceau par couleur serait peut être plus facile que de faire tourner autour d’elle, en passant par les pieds, les genoux et les cuisses, et ce jusqu’à la taille, une centaine de cerceaux impossibles à soulever. Du bout des pieds elle écarte donc un à un et dans un grand silence plein de tristesse amère, un cerceau puis un autre, pour n’en garder au sol qu’une petite dizaine. Non, moins qu’une dizaine, puisqu’il le faut… un frisson la saisit. Regret de renoncer au reste de l’arc-en-ciel, peur d’enfin se lancer dans la ronde du réel.
Au sol près du pied droit, il y eut donc le bleu de mes nuits d’insomnies – ça, vous l’aurez compris. Ici certains racontent leurs cauchemars de la veille, moi je n’en fais jamais quand j’ai les yeux fermés. Il y eut le jaune de l’Ukraine où je suis venue chercher de quoi me fatiguer – j’y ai trouvé du rouge : un beau coup du hasard m’a fouttue en coloc avec trois étrangères qui font de l’humanitaire. Avec elle je vais tous les dimanches à Don Prestarelli visiter les grands-mères de l’ex URSS, ce qui explique pourquoi certains visages âgés s’invitent sur vos écrans. Non, je ne sais pas ce que je fous avec les vieux, ils me poursuivent, c’est tout – mais à la base je ne les aime pas, surtout pour leur odeur, et puis petit à petit… Je ne suis pas une photographe mais une fille obsédée par l’envie de partager un peu de leur amitié, alors j’emmène de temps en temps mon appareil photo et je l’espère bientôt, une petite caméra.
Au sol toujours, il y eut aussi le noir de la terre collante et chaude, qui crie entre mes doigts et commence peu à peu à se laisser modeler. Il y a sous ce noir sombre, les incompréhensions d’un sculpteur soviétique, qui aimerait me rentrer au marteau dans la tête son idée de la sculpture. Je ne suis pas très docile mais je cherche à apprendre cette technique fascinante qui consiste à sortir des entrailles de la terre la matière vivante pour en faire une sculpture. Les « silhouettes de l’invisible » ce sont les carcasses qui restent seules et frêles une fois que nous avons détruit nos sculptures – ici on ne garde rien, ce ne sont que des exercices – chacune a le charme étonnant d’une ombre qui se souvient.
Bleu, jaune, rouge et noir. Je voudrais m’y tenir, comme un nouveau départ pour ce voyage incertain de nos errances communes.
J’y reviendrai
Commentaire by Martin — 8 décembre 2009 @ 21:15
Mais je dirais « rouge » pour ma part
Commentaire by Martin — 8 décembre 2009 @ 21:36
Bleu!
Commentaire by nono — 8 décembre 2009 @ 21:52
Alors, Bleu pour mes insomnies partagées!
le orange tu y as pensé?
un jour il faudra que je me questionne
sur la récurrence du bleu et du orange dans mon travail!
Commentaire by matt — 8 décembre 2009 @ 22:25
Je rigole tout seul parce que nos commentaires ne sont pas du tout à la hauteur
de ton texte!
Commentaire by Martin — 8 décembre 2009 @ 23:07
Matt mégalo! On te dis bleu toi tu dis orange directe arf!
Commentaire by nono — 8 décembre 2009 @ 23:39
pour te citer, j’aime j’aime ah comme j’aime !
Commentaire by justine — 9 décembre 2009 @ 10:22
mais oui matt putain, orange et bleu… faut que tu cherches la signification psychologique de ces couleurs. quant au « j’y reviendrai » de martin… j’espère que tu t’es retrouvé à la bonne place dans ce putain de texte dont t’es un peu l’origine… pom pom pom.
Commentaire by nadj_uk — 9 décembre 2009 @ 17:37
Oui Nadja, je me suis retrouvé, touchant
C’est très bien tourné en tous cas, efficace et clair.
Quel gain de temps de pouvoir exprimer les choses comme ça je me dis aussi.
Moi je serais passé par je ne sais pas combien de phrases dans un bordel où bien sûr je me dis que la personne en face comprend tout, mais non.
C’est une grande qualité de pouvoir le faire comme ça, de l’imager en l’écrivant, en tournant les mots et les phrases, comma ta danseuse.
Je retiens plus le coup des cerceaux que des couleurs à choisir.
Mais je reste sur mon rouge
Je rigole tout seul du « pom pom pom… », je le mets au niveau du « di da dou… »
Commentaire by Martin — 10 décembre 2009 @ 21:06
Bleu!!!
Commentaire by nono — 11 décembre 2009 @ 02:57